Le temps de l'Avent est arrivé...
- Isabelle Halleux
- il y a 4 jours
- 4 min de lecture

Cher(e)s ami(e)s d’Hurtebise,
Je viens vous annoncer une grande nouvelle : le Temps d’Avent est arrivé !
Vous me concéderez que Noël est déjà aux devantures des magasins depuis plusieurs semaines… Mais, est-ce bien judicieux ?
Ces anticipations ne reflètent-elles pas la mentalité du « tout tout de suite » ? Ces habitudes ne sont-elles pas trompeuses, en nous laissant penser que l’immédiateté est le reflet de notre réalité ?
Notre société ne risque-t-elle pas de court-circuiter les étapes, en faisant fi de ce temps précieux, celui de la patience, de la maturation, de la lenteur, de la préparation, de l’Espérance ?
En réalité, le temps de l’attente est une Grâce… Les mamans et les papas pourraient témoigner !
Pour nous, chrétiens, l’Avent a toute sa place… Dès lors, pour fêter Noël, il faut encore attendre un peu !
Qu’est-ce que l’Avent ?
Comme l’exprime le sens de l’appellation, c’est le temps de l’Adventus, de la Venue de quelqu’un qu’on attend.
En ce 30 novembre, les lectures du premier dimanche d’Avent veulent nous en dire un peu plus. C’est le moment d’allumer la première bougie de votre couronne d’Avent… et d’écouter la Parole de Dieu.
Voici un extrait de l’évangile selon Matthieu (Mt 24, 37-44) :
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
‘Comme il en fut aux jours de Noé,
ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
En ces jours-là, avant le déluge,
on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari,
jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ;
les gens ne se sont doutés de rien,
jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis :
telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.
Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée.
Veillez donc,
car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien :
si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé
et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Tenez-vous donc prêts, vous aussi :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra’ »
Par ce récit, Jésus nous conduit aux temps immémoriaux, bien éloignés de notre époque : Noé, le déluge, l’arche…
En revanche, leurs occupations ressemblent aux nôtres : « on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari ».
Il en va de même des activités énoncées, qui peuvent être le reflet des nôtres : « Alors deux hommes seront aux champs… Deux femmes seront au moulin en train de moudre ».
Nous nous voyons comme dans un miroir : notre labeur quotidien, mais aussi nos projets pour les repas de fête, les recherches des derniers cadeaux, la perspective de festivités, le désir de faire plaisir et de se faire plaisir…
Il ne faudrait pas balayer trop vite ces préparatifs légitimes, comme s’ils étaient sans valeur, mais la Parole de Dieu nous conduit plus loin.
Au sein de ces activités, un événement imprévisible a surgi :
« le déluge les a tous engloutis… l’un(e) sera pris(e), l’autre laissé(e)… ».
Il en va de même pour nous…
Ce temps d’Avent nous est offert pour préparer une visite, celle de notre Dieu !
Nous préparons de jolies crèches en nos maisons, mémorial de la Venue de Jésus sur notre terre il y a deux mille ans… Mais savons-nous qu’il y a en réalité trois visites de notre Dieu ?
« Nous savons, dit St Bernard (12e siècle), qu’il y a une triple venue du Seigneur. La troisième se situe entre les deux autres ».
La première, c’est celle de Jésus à Bethléem ; la deuxième, ce sera sa Venue ultime, dans la Gloire, « probablement pas pour tout de suite » et, entre les deux, la troisième, c’est Sa Visite aujourd’hui.
Et c’est au sein de nos activités – boire et manger, se marier, labourer ou moudre – que Jésus vient… Bien plus, que Jésus est là[1] !
Afin que cette Visite ne nous prenne pas au dépourvu, Jésus nous invite : « Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient ».
Notre actualité est chargée et est source d’inquiétudes : les guerres interminables, la violence, le repli identitaire, les narcotrafiquants, les addictions, les famines, les traitements inhumains infligés à des foules de migrants, les maladies, les catastrophes naturelles, la souffrance de tant de personnes en quête d’accueil, d’Amour, de Sens…
C’est au cœur de cette actualité-là que Jésus vient, qu’Il est présent.
Et c’est en notre vie telle qu’elle est que Jésus nous invite : « Veillez ! ».
Que signifie « veiller » ?
En un mot, faire preuve d’une « petite bonté » !
L’expression est de Vassili Grossman (1905-1964) : cette « petite bonté » peut être un contrepoids à cette actualité si pesante…
Dans un article de la revue Études[2], Sr Anne Lécu, dominicaine, médecin dans une maison d’arrêt, décrit cette « petite bonté » :
« Cette bonté commence quand une petite fille de 7 ans fait une concession à son frère et prend sur elle pour que la dispute s’arrête ou quand un jeune homme accepte les excuses maladroites de son ami qui l’a blessé. On pourrait aussi bien la nommer ‘grandeur d’âme’, cette qualité de l’âme qui est avant tout joyeuse générosité et peut aller jusqu’à supporter la déception, voire la trahison ».
Veiller, c’est laisser s’exprimer en nous, par nous, la présence de Dieu.
Veiller, c’est concrétiser à notre mesure, les désirs de Dieu : désirs de Paix, de Justice, de fraternité sur notre terre.
Veiller, c’est « participer au salut, concrètement, dans nos existences »[3].
Veiller, c’est Lui laisser une place, non seulement en ces crèches de nos maisons, mais en nos cœurs.
Veiller, c’est incarner cette « petite bonté ».
Cette « petite bonté », c’est déjà Noël sur notre terre !
Accueillons-la, accueillons-Le aujourd’hui… Il espère notre disponibilité !
Joyeux Temps d’Avent, dans l’Espérance…
Et déjà une belle fête de Noël à chacun(e) de vous, ainsi qu’à tous ceux et celles qui vous sont cher(e)s,
Sr. Marie-Jean Noville
[1] Le substantif « venue » traduit le grec parousia, « présence ».
[2] Études, 4331 (Novembre 2025), p. 91.
[3] Idem.
Télécharger la monition de sr Marie-Jean :
Lire la lettre aux amis dans son entièreté : https://hurtebise.eu/so/74PhChysY?languageTag=en
